Archives de catégorie : LES ACCENTS DES REGIONS DE FRANCE

L’accent du côté de Toulouse

C’est un des accents du « Midi » comme on dit. C’est un accent chantant mais différent des autres villes comme Lyon, Bordeaux, Marseille ou Nice.

TLT – TéléToulouse
Chaque semaine à la Reynerie l’Association T-O-7 propose ses Cafés Savoirs. La semaine dernière l’accent toulousain était au coeur du débat. Certains en ont honte, d’autres en sont fiers mais d’où vient-il vraiment ?

– L’accent toulousain c’est la musique d’une langue dont on aurait oublié les paroles. Ces paroles c’est quoi ? C’est la langue occitane. Donc on parle français avec une langue occitane. C’est pas la loi du sang, c’est vraiment la loi du sol.

Si le sujet peut paraître cocasse, il attise pourtant les débats.

– L’accent est attribué à l’occitan.
– Il n’y en a plus trop (d’accent) voire il n’y en a plus du tout ou alors, on ne sait plus les identifier.

L’accent toulousain a pourtant bien des particularités.

– Il (le Toulousain) prononcera toutes les syllabes. Il ne roulera plus le « r » comme le disait Claude Nougaro dans la fameuse chanson « Toulouse ». Il aura une accentuation sur les mots, pas seulement une accentuation de phrase. Donc il dira « la pe-ti-te fi-lle va à l’école » et non pas « la p’tite fille va à l’école » avec un seul accent.

Qu’il laisse rêveur ou qu’il fasse sourire, une chose est sûre l’accent toulousain fait voyager.

– Il est chantant, il est gai et puis comme on me disait quand j’habitais Tours « Parle-nous, ça nous rappelle les vacances ».

Ci-dessous une célèbre chanson sur la ville de Toulouse par  un non moins  célèbre chanteur / compositeur / interprète Claude Nougaro « Toulouse ». Les paroles de la chanson sont sous la vidéo !

Qu’il est loin mon pays, qu’il est loin
Parfois au fond de moi se raniment
L’eau verte du canal du Midi
Et la brique rouge des Minimes
Ô mon païs, ô Toulouse…

Je reprends l’avenue vers l’école
Mon cartable est bourré de coups de poing
Ici, si tu cognes tu gagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne
Ô mon païs, ô Toulouse…

Un torrent de cailloux roule dans ton accent
Ta violence bouillonne jusque dans tes violettes
On se traite de con à peine qu’on se traite
Il y a de l’orage dans l’air et pourtant
L’église Saint Sernin illumine le soir
D’une fleur de corail que le soleil arrose
C’est peut être pour ça malgré ton rouge et noir
C’est peut être pour ça qu’on te dit ville rose
Je revois ton pavé ô ma cité gasconne
Ton trottoir éventré sur les tuyaux du gaz
Est ce l’Espagne en toi qui pousse un peu sa corne
Ou serait-ce dans tes tripes une bulle de jazz ?
Voici le Capitole, j’y arrête mes pas
Les ténors enrhumés tremblaient sous leurs ventouses
J’entends encore l’écho de la voix de papa
C’était en ce temps-là mon seul chanteur de blues

Aujourd’hui tes buildings grimpent haut
À Blagnac tes avions ronflent gros
Si l’un me ramène sur cette ville
Pourrai-je encore y revoir ma pincée de tuiles
Ô mon païs, ô Toulouse, ô Toulouse…

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L’accent alsacien – Région Grand Est

L’accent alsacien de Jean-Marie Arrus avec ce sketch « Berry et l’alcootest »

https://youtu.be/q39qbgI5Vkc

C’est peut-être à cause de ça que j’ai commencé à boire. Tout seul, sans qu’on me force. Et là aussi j’ai eu des problèmes. Ils ont commencé un soir quand je suis rentré avec ma voiture. D’un coup, je l’ai vu devant moi dans le faisceau de mes phares.  Le grand Schtroumpf (1) là-bas habillé tout en bleu avec son képi sur la tête.

J’ai mis le clignotant à gauche, je me suis rangé sur le côté, j’ai tiré le frein à main. J’ai monté le pantalon.  J’ai coupé le moteur. J’ai ouvert la vitre. Il s’est approché de moi, il m’a dit :

– Bonsoir monsieur,  gendarmerie nationale.

Alors moi, j’ai voulu être poli, tu sais. J’ai dit :

– Bonsieur monsieur Citroën (2) à cause des trucs qu’il avait là sur la manche.

– C’est un contrôle d’alcoolémie, vous avez bu ?

J’ai dit  :

– Pourquoi ? Vous vouliez être avec nous hein ?

– Qu’est-ce que vous avez bu ?

– Oh ! Calme ! J’étais à Muntzenheim faire une petite fête avec les copains. On a préparé un jumelage (3). Alors, on a d’abord pris l’apéritif, on a pris cinq amer (4)…chacun, oui, chacun ! Après, ils nous ont amené l’entrée, le poisson. On a bu trois bouteilles de riesling (5), chacun, oui oui chacun. Après comme on fait un jumelage avec le Calvados (6) et que le Calvados il nous avait envoyé des échantillons, on a fait un trou normand  et achtung (7) le trou normand, le trou de la Sécu (6) c’est rien du tout à côté. Après, avec la viande, on a bu quatre bouteille de bordeaux… chacun, oui oui, chacun. Moi, avec le fromage, j’ai fini le bordeaux. Au dessert, il y avait mousse au kirsch  ou baba au rhum (8) j’ai pris les deux. Et avec le café, j’ai fini le calvados.

Puis il sort un ballon, il me le donne et il me dit :

– On va vérifier ça.

– Qu’est-ce qu’il y a ? Vous ne me croyez pas hein ? C’est vexant !

Il me dit :

– Soufflez !

J’ai pris le ballon et j’ai soufflé dedans. Et la voiture s’est illuminée de l’intérieur. Une espèce de couleur vert fluo. Je me suis dit si maintenant je souffle encore une fois, je vais voir passer le Pape en vélo. Après, ils m’ont emmené à la gendarmerie. Moi je croyais que c’était pour faire voir la couleur du ballon aux copains. C’était pour faire un autre test électronique. J’ai dit :

– Pas de problème

J’ai pris le tuyau, ça clignotait encore en rouge comme ça. 2,85 grammes que j’avais. Alors j’ai regardé le gendarme et je lui ai dit :

– Alors tu chantes pas « il est des nôtres… »

Il n’a pas aimé ! Après, ils m’ont emmené à l’hôpital, regarde je le vois encore, pour faire une prise de sang. Là-bas, quand ils ont vu mon taux de gamma-GT, ils ont cru que c’était mon numéro de sécurité sociale. Et après, ils m’ont de nouveau ramené à la gendarmerie et toute la nuit j’ai dormi dans la prison.

Et le lendemain matin, ils m’ont relâché. Bon, maintenant, je n’ai plus de permis  mais, amis viticulteurs soyez rassurés, je bois encore.

Et tout ça, soi-disant, parce qu’ils m’ont posé des questions et je n’ai pas répondu juste. Ils m’ont dit :

– Non mais attendez monsieur, quand on vous a arrêté hier soir, vous aviez donc la radio allumée dans la voiture.

J’ai dit :

– Oui

Il m’a dit :

– Vous n’avez pas entendu le message d’alerte qui disait qu’il y en avait un qui roulait à gauche sur l’autoroute ?

Et moi, comme un idiot j’ai répondu :

– Quoi ? Un ? Des centaines j’ai croisés moi !

♦♦

Schtroumpf

(1) « Les schtroumpfs »  c’était tout d’abord une bande dessinée belge créée par Peyo en 1958. Les histoires de schtroumpfs sont toujours d’actualité, on peut même les voir en dessins animés. (voir les vidéos sur YouTube ici)

(2)

 Grade Sous-Lieutenant1 Grade de sous-lieutenant
 Sigle CitroënSigle de la marque de voiture Citroën

(3) Un jumelage est une sorte de relation d’amitié entre deux villes ou deux villages. Par exemple, les jumelages de la ville de Nancy ici !

(4) Les gens de l’Est et du Nord de la France boivent bien souvent de la bière avec de l’Amer Picon (on appelle ça « un picon-bière » ou « picon » tout simplement). C’est un alcool à base de zestes d’orange, de quinquina et de gentiane.

(5) Les vignes d’Alsace produisent plusieurs vins très connus : le riesling, le gewürztraminer, le pinot, le sylvaner.

(6) Le calvados est un alcool obtenu à partir du cidre et c’est aussi un département, le Calvados dans la région de Normandie. On dit aussi « un calva ».

(7) Lors de grandes réceptions, souvent assez longues, on peut vous proposer un « trou normand » c’est-à-dire de boire un peu d’alcool fort comme le calvados qui est censée faciliter la digestion et redonner de l’appétit aux convives pour la suite du repas !

Achtung ! = en allemand cela signifie « attention »

(8) Le kirsch est un alcool obtenu à partir de cerises et le baba au rhum est un petit gâteau rond imprégné de rhum.

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L’accent corse – Île de Corse – Humoriste Tano

L’accent corse de Tano avec ce sketch « Le terroriste corse »

 

Texte de la vidéo ci-dessous
Oh Dominique, ça va ? Tu es en forme, ça va ? Tu es venu avec ton neveu. Quel âge il a le petit ? 8 ans et demi ? C’est pas un peu jeune 8 ans et demi pour avoir un fusil ? C’est trop lourd, donne-lui un pistolet ! Il est là Toussaint ? Il se cache ou quoi ? Ah, je l’avais pas vu ! Ça va, tu es en forme ça va ? Oh, tu as de beaux souliers (1), qu’est-ce que c’est tes souliers ? Zara (2) ? Ah c’est bien Zara, tu vas voir, dans deux semaines tu as des sandales. Moi j’avais une veste Zara, une veste de costume magnifique. Tellement belle que j’attendais l’occasion pour la mettre. Au bout de trois semaine dans la penderie, je l’avais pas touchée, il y a un bouton qui est tombé tout seul. Tu sais ce qu’ils font chez Zara ? Ils cousent leurs habits avec du fil chirurgical résorbable. Même si tu la mets pas la veste, tu l’as dans le cul. Bon, on parlera chiffon un autre jour.

Oh Toussaint, tu as acheté le camescope… la caméra. Elle est où ? Ah, je l’avais pas vue ! Oh, c’est du bon matériel ça, qu’est-ce que c’est ça ? Oh, eh ben dis donc, tu t’emmerdes pas. Et le point rouge qu’est-ce que c’est ? Ça filme ?! Mais vous êtes tous cons ou quoi, je n’avais pas mis ma cagoule. Prévenez-moi merde ! Bande de cons, de bras cassés que vous êtes ! Le seul professionnel ici c’est moi. Hein ? On me voit, oui, on me voit mais on ne me reconnaît pas.

Bon j’ai préparé la liste des revendications pour Sarkozy, mais avant je vais faire un peu des vocalises pour m’éclaircir la voix comme un comédien. Combien sont ces six saucissons-ci ? Ces six saucissons-ci sont six sous. Six sous ces six saucissons-ci ?! C’est trop cher. Le berger bourré bourre la brebis bredouille.

Faut que je fasse un visage un peu menaçant pour Sarkozy, pour la caméra. Le visage à quoi ? Bruce Willis ? Qui c’est ça Bruce Willis ? Brucchio Willis (3). Prononce-le bien, on comprend pas ce que tu dis. Allez on y va, allez Brucchio Willis.

Monsieur Nicolas Sarkozy, nous voulons une usine automobile corse pour fabriquer nos propres 4X4 parce que nous voulons que nos 4X4 aillent plus vite que les 4X4 des continentaux (4). Parce qu’on veut pas qu’on nous double. Nous fabriquerons aussi quelques Ferraris mais nous on l’appellera « la Simonetti » en mémoire de Simon de Tigliare qui remporta le Tour de Corse 2004 grâce à ses talents exceptionnels de pilote. Sa 4L (5) et son Magnum 44.

Monsieur Sarkozy, n’envoyez plus d’armes. Nous en avons déjà assez. L’île risquerait de couler. Mais c’est une blague. C’est pour rigoler. Je vais vous expliquer quelques choses à tous les deux. Le terrorisme corse, il passe beaucoup mieux dans les médias parce que nous avons de l’humour. Al Qaïda, ils ont pas d’humour.  Nous aussi nous avons des kamikazes mais nous, les nôtres, ils ne le font pas exprès. Tu te souviens de Jojo ? Il avait confondu les minutes et les secondes. C’était pas son truc l’horlogerie à Jojo ! Jojo, il est au paradis, oui et alors ? Nous en Corse, on met des bombes mais on va quand même au paradis. Le piston ! Jésus de Nazareth, il était d’Ajaccio.

Monsieur Nicolas Sarkozy, nous voulons l’indépendance. Nous voulons l’immunité diplomatique. Nous voulons de l’argent sur nos comptes, bref ! Nous voulons vivre dans notre île et être Suisses !

Monsieur Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne (on entend des tirs) qu’est-ce que c’est ? Oh ! Toussaint ! Change la sonnerie du portable.

Monsieur Nicolas Sarkozy, en ce qui concerne les vagabonds, c’est-à-dire les touristes que vous, monsieur Sarkozy, vous appelez comme ça vulgairement dans les médias, les touristes… oui c’est ça je me suis gouré de vanne (l’humoriste s’est trompé dans son texte).

Monsieur Nicolas Sarkozy, nous rappelons à ces bagnards estivaux qu’ils n’ont en aucun cas le droit de construire quoi que ce soit sur notre île, y compris des pâtés de sable sur nos plages. Nous les ferons sauter les pâtés de sable avec des petites bombes, des bombinettes. Nous sommes des fous, Sarkozy, et n’oubliez jamais ce proverbe corse « Quiconque insulte notre peuple han han ».

Si vous voulez nous joindre vous pouvez le faire sur la version corse de Facebook qui s’appelle Cagoulebook.

(on entend un tir d’arme)

Tu as reçu un texto !

(1) « Souliers » fait un peu vieillot, on dirait plutôt des « chaussures ».
(2) « Zara » est une chaîne espagnole de magasins de vêtement très à la mode de nos jours.
(3) « Bruce Willis » est un célèbre acteur américain et le brucchio ou brocciu est un fromage corse.
(4) « un 4X4 » c’est une voiture avec quatre roues motrices utile à la campagne ou à la montagne.
« Les continentaux » sont ceux qui habitent sur le continent – les Français du continent – à la différence des Corses qui sont sur leur île et qui sont aussi français d’ailleurs.
(5) « Une 4L » c’était une petite voiture populaire dans les années 70-90

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La mamé par Odette Jouve avec l’accent provençal

En présentation ci-dessus un tableau d’Édouard Jérôme Paupion (1854-1912)

Odette Jouve à 87 ans s’était présentée à une émission de télévision (sur la chaîne M6 en 2009) appelée « La France a un incroyable talent ». Son talent était de réciter des poèmes. Celui qu’elle a présenté à cette émission a ému le jury et le public français. Je vous laisse écouter et lire le texte en dessous de la vidéo. Vous entendrez aussi l’accent marseillais. (voir l’autre vidéo d’Odette Jouve sur l’accent du midi)

Texte dit par Odette Jouve

Elle se tenait au bout de la table et nous impressionnait par sa lenteur. On la voyait si vieille, toute ridée, misérable que l’amour peu à peu fit place à la rancoeur.

Elle gênait notre vie. Elle gênait nos projets la mamé. A quelque temps de là, prétextant des vacances, je l’emmenais là-haut, au flanc du Lubéron.

– Tu seras bien mamé ! Tu verras la Durance du haut de la terrasse
de la grande maison.
– Ces maisons-là sont faites pour les vieux !
– Regarde ! Ils ont l’air bienheureux !
– Comme tu veux petite.

Je la laissais toute seule. L’air était encore chaud pourtant je frissonnais et le chant des oiseaux voletant dans le lierre disait à mes oreilles « qu’as-tu fait de mamé ? »

Chaque brin d’herbe, de thym, de lavande, de romarin semblait me dire « mais qu’as-tu fait de mamé ? »

Même le chant des sources dans ma tête criait « mais qu’as-tu fait de mamé ? »

Lentement, le remords me prenait. Au fil des souvenirs, mon coeur s’est apaisé. Alors, j’ai repris le chemin qui mène à la grande maison. Retrouver la mamé, lui demander pardon !

J’ai pris tout simplement ses mains sans rien lui dire. Une larme brillait au milieu d’un sourire.

Une mamé c’est précieux. C’est tant de souvenirs. Si vous en avez une, jusqu’au bout de ses jours, gardez-la près de vous. Et quand elle devra mourir, vous lui fermerez les yeux dans un geste d’amour.

Si aujourd’hui, le chant des cigales me pose la question tant de fois redoutée, je peux, le coeur joyeux en digne provençale, répondre fièrement « Elle est là, la mamé ! »

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L’accent provençal – Odette Jouve

Odette Jouve a fait une apparition à la télévision française en 2009, à l’âge de 87 ans lors de l’émission « La France a un incroyable talent ». Elle a récité un de ses poèmes (Voir l’autre poème « La mamé ») et a ému le jury et la France entière par son talent.

On la retrouve dans cette vidéo disant un autre poème sur l’accent du midi, l’accent de la Provence. Essayez de faire abstraction des bruits de vaisselle que l’on entend derrière elle et appréciez cet accent de la région de Marseille et des environs. 

https://youtu.be/TRiod855Oq8


De l’accent, en ai-je moi ? Pourquoi cette faveur ?  
Pourquoi ce privilège ?
Et si je vous disais à mon tour, gens du nord
que c’est vous qui, pour nous, semblaient l’avoir si fort.
Que nous disons de vous du Rhône à la Gironde,
ces gens-là, ils n’ont pas le parlé de tout le monde.
Et que tout dépendant de la façon de voir,
ne pas avoir d’accent pour nous c’est en avoir.
Mais non, je blasphème, et je suis là de feindre.
Ceux qui n’ont pas d’accent, je ne puis que les plaindre.
Emporter de chez soi cet accent familier
c’est emporter un peu de terre à ses souliers.
C’est un peu, cet accent, invisible bagage,
le parlé de chez soi qu’on emporte en voyage.
C’est pour le malheureux, à l’exil obligé,
le patois qui déteint sur les mots étrangers.
Avoir l’accent, enfin, c’est chaque fois qu’on cause,
parler de son pays tout en parlant d’autre chose.
Non, je ne rougis pas de mon fidèle accent.
Je veux qu’il soit sonore, clair, retentissant
et m’en aller tout droit, l’humeur toujours pareille
en portant mon accent fièrement sur l’oreille.
Mon accent, on devrait l’écouter à genoux.
Il nous fait emporter la Provence avec nous.
Il fait chanter sa voix dans tous mes bavardages
comme chante la mer au fond des coquillages.
Ecoutez, en parlant, je place le décor
du torride midi dans les brumes du nord.
Mon accent porte en soi d’adorables mélanges,
d’effluves d’oliviers et des parfums d’orange.
Il évoque à la fois le feuillage bleu-gris
de nos chers oliviers aux vieux troncs rabougris
et le petit village où les treilles splendides
éclaboussent de bleu les blancheurs des bastides.
Cet accent-là, mistral, cigales et tambourins
à toutes mes chansons donnent un même refrain.
Et quand vous l’entendez chanter dans ma parole,
tous les mots que je dis dansent la farandole.

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