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Être la tête de Turc

« Être la tête de Turc » = « Être le bouc émissaire » « Être le souffre-douleur »

Être la cible de moqueries, railleries, méchancetés

Être celui qui est injustement tenu pour responsable, vers qui les accusations s’orientent systématiquement

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Guillaume de Tyr – « Les estoires d’Outremer »
Enluminure du XIIIe siècle (13e)
Le siège de la ville de Nicée par les Croisés en 1097
Les Croisés catapultent les têtes de soldats Turcs

Des têtes de soldats turcs servant de projectiles

L’expression « être la tête de Turc » puise son origine vraisemblablement dans l’histoire de la première croisade (1) menée par Godefroy de Bouillon au Moyen-Âge, en 1097.

Le 14 mai 1097, Les Croisés commencent le siège de Nicée, ville majoritairement chrétienne occupée par une forte garnison turque, des fonctionnaires de la cour du Sultan Kilidj Arslan ainsi que par la famille du Sultan. Nicée est une ville stratégique bordée par 6 kilomètres de remparts, 240 tours. Au sud-ouest, le lac Ascanios assure l’approvisionnement en eau.

Les combats sont intenses, la garnison turque se défend courageusement.

Des troupes fraîches viennent renforcer les Croisées, et d’autres troupes viennent assister les assiégés qui se trouvent à l’intérieur de la ville. Les combats continuent.

Puis, le 21 mai 1097, le Sultan lui-même arrive devant Nicée. La bataille dure toute la journée. Les troupes turques se replient finalement devant la lourdeur des pertes humaines. Il y a de nombreux morts parmi les assiégeants aussi.

Devant la grande résistance des Croisées, le Sultan Kilidj Arslan abandonne la ville à son sort et se retire.

Alors, pour semer la terreur parmi les Turcs et les obliger à ouvrir les portes de la ville, les Croisés envoient à l’aide de catapultes les têtes des soldats turcs morts au combat à l’intérieur de la ville fortifiée.

De nouveaux renforts arrivent pour aider les assaillants. Les Croisés décident de mettre en place un blocus naval du côté du lac qui borde Nicée. Puis l’assaut est décidé pour le 19 juin. Mais les portes de la ville s’ouvrent avant l’attaque, dans la nuit du 18 au 19 juin 1097.

Finalement, les Croisés sortent vainqueurs de ce siège. C’est la première action militaire des Croisés contre les Musulmans.

l'empire ottoman 16e et 17e siècle - origine expression tete de turc

L’empire ottoman à son apogée (XVIe – XVIIe siècle)

Les Français admirateurs de la culture turque aux XVIIe et XVIIIe siècles (2).

À la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, l’empire Ottoman fascine toute l’Europe et les Français en particulier. Tout ce qui est turc est sujet d’admiration : le raffinement, l’élégance des costumes, les mystérieux harems, le café… En France, c’est la mode des sofas et divans. On installe sur les murs des tapisseries aux sujets orientaux, on s’habille à la turque… C’est l’époque des « Turqueries ». Des écrivains comme Lamartine raconte leur « Voyage en Orient« …

Au XVIIIe siècle, les philosophes des Lumières comme Montesquieu ou Voltaire font tomber les clichés.

Puis, ces clichés vont se heurter aux idées universelles des philosophes des Lumières. On reconnaît toujours la grandeur de l’empire Ottoman mais Le Grand Turc (3) apparaît désormais comme un destructeur et un tyran. Montesquieu, Voltaire contribuent à détruire l’image idyllique de la Turquie qui devient le bouc-émissaire des penseurs du siècle des Lumières. Progressivement, le Turc, vu de France, possède encore un charme mystérieux mais est aussi un ennemi cruel, brutal.

Le Turc devient la « tête de Turc » ou le « bouc émissaire » des penseurs d’Occident au fur et à mesure que l’Empire Ottoman perd son pouvoir.

être une tête de turc ou bouc émissaire - origine des expressions

Au XIXe siècle, on trouve dans les foires des appareils munis d’un dynamomètre pour évaluer la force physique. Muni d’un maillet, le candidat frappe le plus fort possible sur une tête en bois avec un turban qui fait penser à un Turc.

Comme je l’ai déjà expliqué pour l’expression « fort comme un Turc« , le Turc des galères au Moyen-Âge avait la réputation d’être très résistant avec une grande force physique. Mesurer sa force physique à un Turc même en bois avait du panache !

(1) Une Croisade : Au Moyen-Âge, une croisade est un pèlerinage et une expédition militaire, soutenue par le Pape, menées par des Chrétiens d’Occident pour
conquérir et de défendre les lieux saints de Jérusalem sous domination musulmane. Il y a eu huit croisades entre 1095 et 1270.

(2) XVIIe et XVIIIe siècles = 17e et 18e siècle

(3) Le Grand Turc = le Sultan de Constantinople

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