
Un diamant exceptionnel par son riche passé a été vendu aux enchères le 15 mai 2012 chez Sotheby’s à Genève pour la somme de 9,04 millions de francs suisses soit 7,53 millions d’euros. Le vendeur : la Maison royale de Prusse. L’estimation au départ était entre 1,85 et 3,65 millions de francs suisses et il n’a fallu que 8 minutes d’enchères à un des 5 acheteurs potentiels pour détenir ce joyau. On ne connaît pas le nom du nouveau propriétaire du diamant.
Avant d’être vendu, il a fait le tour du monde pour être présenté aux éventuels acheteurs (2 jours à Paris).
Il fait 34,98 carats, il est blanc en forme de poire, on l’appelle le « Beau Sancy ». Mais ce qui fait l’originalité de ce diamant très connu des historiens c’est son histoire puisqu’il a appartenu à 4 familles royales.

Le « Beau Sancy » dans la famille royale de France
C’est en 1604, que le roi Henri IV finit pas succomber à la pression de la reine Marie de Médicis, passionnée de pierres précieuses, et qui rêve de posséder ce diamant. Henri IV achète donc ce bijou – une « folie » selon le roi – à Nicolas de Harlay, Seigneur de Sancy pour la somme de 75000 livres ou 25000 écus. Celui-ci l’a acheté à Constantinople en provenance très certainement du centre de l’Inde (la cité de Golconde) – région d’où proviennent les diamants les plus célèbres de l’histoire comme le diamant Hope, le Koh-i-Noor, le Regent… L’Inde était le seul fournisseur de diamants jusqu’en 1725 avec la découverte de mines de diamants au Brésil. La reine Marie de Médicis souhaite d’autant plus ce « Beau Sancy » qu’un autre diamant vient d’être vendu par le Seigneur de Sancy au roi d’Angleterre Jacques Stuart (appelé le « Sancy » et visible au Louvre à Paris)

Le jour du sacre d’Henri IV à la tête du Royaume de France en la cathédrale de Saint-Denis, le 13 mai 1610, Marie de Médicis porte ce diamant sur le haut de sa couronne comme sur l’image ci-dessus. C’est le plus gros diamant de sa collection.
Le « Beau Sancy » dans la famille de la maison d’Orange (Pays-Bas)

Ensuite, le diamant change de main. Henri IV est assassiné par Ravaillac le lendemain de son couronnement le 14 mai 1610 et Marie de Médicis devient régente de son fils mineur, le futur Louis XIII. Pendant une vingtaine d’années, elle s’implique dans la politique de la France jusqu’à ce qu’elle se heurte à la vive opposition du roi, son fils. Elle est bannie du royaume et elle s’exile alors avec ses bijoux aux « Pays-Bas ». Elle est criblée de dettes, n’ayant aucune pension en provenance de France, et elle vend le « Beau Sancy » au Prince Frédéric-Henri d’Orange Nassau pour 80000 florins en 1641.
Le « Beau Sancy » dans la famille royale d’Angleterre
La même année (1641), dans le but d’asseoir sa famille au sein des grandes familles européennes, le Prince Frédéric-Henri d’Orange se sert du « Beau Sancy » pour conclure le mariage de son fils Guillaume, futur Guillaume II d’Orange-Nassau, avec Marie Stuart, fille de Charles I d’Angleterre et de Henriette-Marie de France (petite-fille de Marie de Médicis).

A la mort de Guillaume II, Marie Stuart se rend en Angleterre avec ses bijoux pour aider son frère Charles II à accéder au trône d’Angleterre. En 1662, le « Beau Sancy » est mis en gage pour payer les dettes de Marie Stuart et ne revient à la Maison d’Orange-Nassau qu’en 1677, à l’occasion du mariage de Guillaume III d’Orange-Nassau avec Marie II Stuart, fille du roi d’Angleterre Jacques II. En 1689, le couple monte sur le trône d’Angleterre et le diamant entre ainsi dans la collection de la reine d’Angleterre.
Le « Beau Sancy » dans la famille royale de Prusse
A la mort du couple royal et en l’absence d’héritiers, le « Beau Sancy » rejoint la Maison d’Orange-Nassau. En 1702, Frédéric 1er, tout juste couronné premier roi de Prusse, accepte de renoncer à l’ensemble des bijoux de l’héritage pour obtenir le « Beau Sancy ». Il est conscient de la valeur symbolique et du prestige du diamant. Il en fait l’ornement principal de la nouvelle couronne de Prusse.

C’est ainsi que la plus belle pierre précieuse de la Maison royale de Prusse va passer de génération en génération, portée lors d’importants évènements royaux comme les mariages par exemple.

Après l’exil aux Pays-Bas du dernier Empereur d’Allemagne et roi de Prusse Guillaume II en novembre 1918, les joyaux de la couronne ont été conservés au Palais du Kaiser à Berlin. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils ont été cachés derrière un mur de briques dans une crypte à Bückeburg, avant d’être retrouvés par les troupes britanniques et redonnés à la Maison de Prusse.
Après la guerre, le fils ainé du Kaiser, le Kronprinz Guillaume (1882-1951) puis le fils de ce dernier, le Prince Louis-Ferdinand (1907-1994) héritèrent du « Beau Sancy ». A la mort du Prince Louis-Ferdinand, le diamant a été transmis dans le cadre de la succession de la Maison de Prusse à son petit-fils, Georges-Frédéric, né en 1976 et aujourd’hui à la tête de la Maison royale de Prusse.