Archives de catégorie : MOMENTS D’HISTOIRE

Une société française complexe avant 1789

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Le 14 juillet 1789, le peuple de Paris en colère se fâche, se rend aux Invalides pour prendre des fusils et des baïonnettes puis à la Bastille pour y chercher de la poudre. Il veut du pain, l’abolition des privilèges, l’égalité devant l’impôt, l’accès aux fonctions militaires, civiles et ecclésiastiques pour tous… Il souhaite changer la société et supprimer les injustices mais reste fidèle au roi Louis XVI. C’est le début de la révolte ! Pourquoi une telle rage de changement, pourquoi la révolution ? Pour comprendre, il faut expliquer rapidement la société de cette époque avant le début de la révolution en juillet 1789.

A la veille de la révolution, la France compte 26 millions d’habitants environ.

Le roi, lieutenant de Dieu, au pouvoir absolu

La société de l’ancien régime : une société complexe avec ses propres lois et coutumes

Les 3 grands ordres qui divisent la société française avant la révolution

Le Clergé

La Noblesse

Le Tiers-état

LE ROI, LIEUTENANT DE DIEU, AU POUVOIR ABSOLU

En 1661, Louis XIV, après la mort de Mazarin son premier ministre, choisit de gouverner seul et décide de mener seul la politique de son pays. C’est un pouvoir autoritaire, une monarchie absolue qui va durer jusqu’en 1789 avec Louis XVI. Il dirige avec l’aide de ministres mais c’est lui qui décide. Le roi a presque tous les pouvoirs. Pourquoi « presque » ?

Louis XVI en costume de sacre peint par Antoine François Callet >>

– Parce que, comme je vais l’expliquer ci-dessous, la société est organisée depuis des siècles en de nombreuses communautés, corporations qui ont leurs propres lois privées et coutumes sur lesquelles le roi ne peut guère intervenir.

– Parce qu’il existe des Parlements -dans chaque région de France- qui ont le droit de faire des « remontrances » au roi, c’est-à-dire des remarques sur les lois qu’ils sont chargés d’appliquer. Le plus important des parlements étant celui de Paris. Celui-ci devient petit à petit le symbole de résistance à la monarchie absolue et pourtant il défend en premier les intérêts de la noblesse et du clergé -les membres du parlement au bout d’un certain temps finissent même par être anoblis par le roi-.

– Parce que, lors de crises financières ou politiques qui nécessitent de lever des fonds ou d’augmenter les impôts, il est bon pour le roi de s’assurer l’appui des 3 ordres qui divisent le pays : le Clergé, la Noblesse et le Tiers-État. Les représentants de ces trois ordres viennent de toutes les régions de France. Ces assemblées exceptionnelles convoquées selon le bon vouloir du roi sont appelées les « États généraux« . Ils ont été créés en 1302 sous le règne de Philippe le Bel et ont été convoqués souvent en temps de guerre dans les siècles passés. En 1484 sont créés les « Cahiers de doléances » qui permettent aux Français d’exprimer leurs soucis, leurs plaintes (doléances) et les vœux qui pourraient améliorer la situation du royaume.

En mai 1789, deux mois avant le début de la révolution, Louis XVI convoque les États généraux. Les représentants des 3 ordres de toutes les provinces de France ramènent 50 000 cahiers de doléances avec beaucoup de témoignages de fidélité au roi mais aussi beaucoup de plaintes et de revendications. La dernière assemblée des 3 ordres s’était produite en 1614 soit 175 ans auparavant !

Mais le roi n’a de compte à rendre à personne sauf à Dieu. C’est un pouvoir absolu de droit divin. Il peut emprisonner toute personne qui ne lui convient pas sans avoir à se justifier.

Une monarchie absolue signifie que les 3 pouvoirs sont dans les mains du roi :

– le pouvoir législatif (celui de créer des lois)

– le pouvoir exécutif (celui de faire appliquer une loi)

– le pouvoir judiciaire (le droit de rendre la justice, c’est-à-dire de juger et de rendre son verdict)

Les revenus de l’Etat

– Les impôts royaux s’ajoutent aux impôts dus au Clergé et à la Noblesse et le peuple -le tiers-état- est asphyxié par les impôts. Je vous propose de lire le détail des différents impôts royaux, seigneuriaux et du clergé ici. Parmi les impôts royaux, il y a la « gabelle », l’impôt sur le sel qui permet de conserver les aliments et il y a la « taille » impôt direct payé par le peuple seulement, le Clergé et la Noblesse ne le paient pas. C’est l’impôt le plus lourd. Pour donner une idée, sur un revenu de 100 livres, l’état en prend 53 et certaines fois cet impôt peut être augmenté selon la folie dépensière de l’état.

La société de l’ancien régime : une société complexe avec ses propres lois et coutumes

LA SOCIÉTÉ DE L’ANCIEN REGIME EST UNE SOCIÉTÉ COMPLEXE FORMÉE DE CORPORATIONS, DE COMMUNAUTÉS, DE COMPAGNIES…

Le roi n’a pas vraiment tous les pouvoirs parce qu’il existe de multiples privilèges, règles, coutumes et lois privées propres à de nombreuses communautés, compagnies ou corporations de la société française. Et ces communautés sont innombrables ! Quelques exemples :

– les municipalités des villes

– les communautés d’habitants de villages ou de paroisses

– les communautés de marchands

– les communautés d’arts et de métiers

– les corps d’officiers royaux

– les corps relatifs à la justice (avocats, notaires, procureurs…)

– les compagnies de commerce et de finance

– les corps de médecins, apothicaires (1)

– les communautés religieuses…

Ces nombreux corps possèdent leurs propres droits, libertés et privilèges.

Ces groupes représentent différentes classes sociales qui bénéficient de revenus très différents. En plus, à ces différences, il faut ajouter les mentalités méprisantes des uns vis à vis des autres en fonction du degré de naissance ou de l’appartenance à telle ou telle communauté. Ainsi, la noblesse de cour méprise la noblesse de province, les nouveaux anoblis, les grands bourgeois… Les grands bourgeois (haute finance, banque) méprisent les petits bourgeois (commerçants) qui méprisent le petit peuple salarié qui lui-même jalouse les artisans, boutiquiers… C’est une chaîne sans fin ! (2)

LES 3 GRANDS ORDRES QUI DIVISENT LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE AVANT LA REVOLUTION : LE CLERGÉ, LA NOBLESSE ET LE TIERS-ÉTAT

Cette société de l’ancien régime est une société divisée en 3 corps qui ne sont pas égalitaires. Il s’agit du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-État. Le Clergé et la Noblesse ne paient pas d’impôts ou presque pas mais accablent le reste de la population, soit plus de 95 %, avec toutes sortes d’impôts comme la dîme, la taille ou la gabelle.

Adalbéron de Laon (dit Ascelin) est l’auteur du « Poème au roi Robert » écrit entre 1027 et 1030 dans lequel il propose une théorie sur la société qui serait divisée en trois ordres correspondant aux fonctions de chacun. Ainsi, les « oratores » seraient ceux qui prient comme les moines, les prêtres. Les « pugnatores » ou « bellatores » seraient ceux qui combattent -à peine 1 ou 2% de la population-. Et les « laboratores » seraient tous les autres qui travaillent paysans et artisans.

LE CLERGÉ

Le clergé compte environ 120 000 personnes dont 3000 nobles

Le clergé ne paie pas d’impôts au roi mais fait des dons à l’état.

« Clergé » c’est un terme qui désigne les différentes institutions religieuses chrétiennes du pays. Il est composé :

Charles-Antoine de la Roche-Aymon (1718-1793) – Archevêque de Narbonne puis de Reims

– du haut-clergé qui regroupe les archevêques, les cardinaux, les évêques, les abbés. Ces religieux sont choisis par le roi parmi la noblesse ou la grande bourgeoisie. On reproche au haut-clergé de mener grand train, de vivre avec faste.

« La veuve et son prêtre » Jean-Baptiste Greuze (2nde moitié du XVIIIe siècle)

– du bas-clergé qui regroupe les curés, les vicaires, et les prêtres issus du peuple. Les revenus distribués au bas-clergé par le haut- clergé sont très inégaux et beaucoup sont misérables.

Le clergé, c’est l’ordre le plus riche des 3 ordres.

Ses revenus :

– Le clergé possède environ 6% du territoire français ce qui lui apporte des revenus conséquents.

– Il prélève un impôt appelé « la dîme » qui oblige les paysans à donner un dixième de leurs récoltes et dans certaines régions quelques fois plus.

– Il accepte les dons des fidèles.

– Il reçoit l’argent des quêtes pendant les offices.

Sa fonction est :

– De veiller au respect des règles religieuses. La religion catholique est celle de l’état et du roi. La vie des Français est encadrée par la religion de la naissance à la mort. C’est l’armature sociale. Chaque corps de métier à un Saint Patron protecteur.

– De lutter contre les hérétiques en demandant l’aide du roi certaines fois.

– De condamner les livres jugés contraires à la foi religieuse.

– De tenir les registres d’état civil c’est-à-dire d’inscrire les naissances, les décès, les mariages…

– D’assurer l’enseignement de la petite école à l’université.

– D’assister les malades et les pauvres dans les hôpitaux et les hospices.

Le Duc de Penthièvre et sa famille – Jean-Baptiste Charpentier (1767 ou 1768)

LA NOBLESSE

La noblesse compte environ 80 000 familles soit 400 000 personnes

À Versailles au 17ème siècle, sous le règne de Louis XIV – le Roi Soleil – on comptait jusqu’à 10 000 courtisans.

Leurs titres : Prince ou Princesse de sang royal / Duc ou Duchesse / Marquis ou Marquise / Comte ou Comtesse / Vicomte ou Vicomtesse / Baron ou Baronne / Chevalier / Ecuyer

La noblesse ne paie pas d’impôts au roi ou très peu.

Pour être reconnu comme noble il faut :

. soit être né(e) de père noble et dans ce cas apporter la preuve de sa noblesse. Le XVIe siècle est beaucoup moins exigeant sur les preuves à apporter que le XVIIIe siècle qui demande 3 ou 4 quartiers de noblesse. C’est sans doute aussi ce qui a isolé progressivement cet ordre très protégé.

. soit, si l’on n’est pas noble de naissance, être anobli par le roi.

Dans les deux cas, ce sont les familles en fait qui sont nobles ou anoblies et non les individus seuls.

Ce n’est pas une classe homogène. On distingue plusieurs catégories de nobles

Il y a la grande noblesse (environ 4000 familles) ou la noblesse de cour qui vit à la cour auprès du roi. Depuis le roi Louis XIV à Versailles, la grande noblesse a été « domestiquée ». Elle vit auprès du roi qui la neutralise en lui procurant des fêtes, des jeux, de l’oisiveté et de temps en temps des obligations militaires. Elle a les postes les plus honorifiques, les plus hautes charges (évêque, officiers supérieurs, ministres…) à fortes rémunérations, et touche aussi de fortes pensions. Elle mène un train de vie fastueux avec un nombre important de domestiques, vit dans le luxe et fait des dépenses excessives dans les multiples fêtes, représentations théâtrales, chasses organisées dans les châteaux qui les ruinent bien souvent. Bien qu’elle méprise la haute bourgeoisie, cette grande noblesse trouve de grands avantages financiers à faire alliance (mariages) avec ces riches roturiers qui en retour reçoivent un titre de noblesse. Au XVIIIe siècle, la noblesse de robe -les bourgeois anoblis- cohabitent à la cour avec la noblesse d’épée -la plus respectée et la plus fière de ses origines qui remontent au Moyen-Âge.

Il y a la moyenne noblesse qui est une noblesse aisée avec suffisamment d’argent pour résider sur ses terres une partie de l’année mais qui bien souvent possède aussi des hôtels particuliers en ville. Beaucoup de ces nobles mènent une vie mondaine qui ressemble à la vie de la cour. Participent à ces fêtes luxueuses les membres des Parlements – les plus riches de la noblesse provinciale -, les officiers, les hauts fonctionnaires… D’autres nobles aisés préfèrent rester dans leur domaine et s’adonner au plaisir de la chasse.

Il y a la noblesse pauvre qui est plus nombreuse que la moyenne noblesse. Elle vit sur ses terres en province dans des manoirs en ruine quelques fois aussi pauvres que leurs métayers. Ils attendent beaucoup de la générosité du roi et se considèrent supérieurs au monde paysan malgré leur pauvreté.

A l’origine de la noblesse vers le Xe siècle, être noble c’est vivre de ses revenus, c’est servir son roi le plus loyalement possible et servir la paix, la justice et aider à une bonne gouvernance de l’état. Leurs activités et leur conduite doivent être loyales et désintéressées. Il leur est interdit d’exercer une activité utile ou de faire du profit. Les nobles ne fabriquent pas de produits contrairement aux bourgeois et ne font pas de profits.

A l’origine, les nobles étaient dispensés de la plupart des impôts parce qu’ils étaient les seuls à payer l’impôt du sang c’est-à-dire qu’ils étaient les seuls à servir au rang d’officiers et devaient combattre en temps de guerres. Les simples soldats, eux, recevaient une solde. C’était un service rendu à la France, le prix du sang versé. Mais son utilité s’amenuise au fil du temps surtout au XVIIIe siècle qui est un siècle où les guerres diminuent. Beaucoup de gens de la grande noblesse deviennent oisifs devenant une charge pour le peuple et ne donnant aucune contrepartie.

Au XVIIIe siècle, les idées d’égalité se répandent grâce aux philosophes des Lumières (Voltaire, Rousseau, Diderot…). Le peuple est de plus en plus excédé. Il considére ces nobles comme des parasites et leur reproche leur oisiveté.

Les privilèges

– Ils ont des avantages fiscaux c’est-à-dire qu’ils ne paient pas l’impôt (la taille) que tous les roturiers paient.

– Ils ont des impôts directs sur la fortune très allégés.

– Les impôts indirects sur les biens de consommation sont atténués aussi.

– Ils peuvent porter l’épée et avoir des armoiries

– Ils ont des tribunaux spéciaux

– Certains grades d’officiers supérieurs leur sont réservés

– Les hautes fonctions ecclésiastiques sont pour les nobles

Les revenus

– Les droits seigneuriaux – beaucoup de nobles sont des seigneurs possédant un château et des terres. Ils prélèvent : le champart, les banalités, le cens…auprès des paysans et aussi leur imposent des « corvées » comme l’entretien des routes et du château.

La fonction initiale de la noblesse est :

– de se battre, de verser son sang pour la France et être au service du roi.

LE TIERS-ÉTAT

L’ Abbé Sieyès, prêtre et homme politique constatait en 1789 (3) :

Qu’est-ce que le Tiers état? — Tout.

Qu’a-t-il été jusqu’à présent dans l’ordre politique? – Rien.

Que demande-t-il? — À être quelque chose.

Le Tiers-État représente 98% de la population française.

20% à la ville et 80% à la campagne

Ceux qui ne sont pas nobles ni membres du clergé appartiennent à ce troisième ordre représenté lors des assemblées exceptionnelles « les États généraux » (voir explication plus haut dans l’article « le roi « lieutenant de Dieu »). Ils sont appelés les « roturiers ». Toutes les autres activités de la société française se retrouvent dans cet ordre qui est le plus nombreux et qui est extrêmement varié.

On y trouve :

Des bourgeois souvent riches et cultivés comme des magistrats, des industriels, des banquiers, des négociants, des entrepreneurs, des commerçants, des artisans indépendants, des médecins, des officiers… C’est une classe sociale qui s’est beaucoup développée depuis le 16e siècle. Certains bourgeois sont très riches et sont évidemment tenté par le pouvoir mais ils ragent de ne pouvoir accéder aux plus hautes charges de l’État réservées à la haute noblesse. Au XVIIIe siècle, les choses changent un peu. Malgré le mépris de la noblesse pour la bourgeoisie, des mariages sont arrangés entre « roturiers » et gens de la noblesse. L’argent du négoce ou de la finance contre un titre de noblesse pour la famille.

Cette classe bourgeoise est très impliquée dans la vie de la société et ouverte aux idées nouvelles. Malheureusement, c’est elle aussi qui s’enrichit par la traite des Noirs – l’esclavage -.

Le peuple des villes, des artisans, des boutiquiers, des employés, des blanchisseuses, des palefreniers…un petit peuple qui souffre du froid et de la faim en hiver 1788-1789. Les récoltes de l’année n’ont pas été bonnes, les prix ont monté et les salaires ont baissé.

Jean-Baptiste Greuze « Le gâteau des rois » – 1774

Des paysans qui représentent près de 20 millions de personnes alors que la population est estimée à environ 25 millions de Français. Parmi les paysans on trouve différentes catégories plus ou moins pauvres comme des ouvriers agricoles, des métayers, des tenanciers de domaines seigneuriaux, des grands fermiers, des journaliers… Dans l’ensemble, les conditions de vie sont très dures pour beaucoup d’entre eux. L’habitat est souvent misérable et les paysans peu instruits vivent dans une précarité économique constante car dépendante de bonnes ou mauvaises récoltes. Ils doivent, en plus de tous les autres impôts, donner une partie des récoltes pour payer la dîme au Clergé et une autre partie pour payer le champart au Seigneur qui détient les terres.

Des pauvres qui n’ont pas de domicile, pas de profession ou sont en situation précaire comme les domestiques qui sont payés à la journée. Ce sont des enfants abandonnés, des femmes perdues, des vieillards, des infirmes qui deviennent des vagabonds, des mendiants, des voleurs en bandes quelquefois. Ils sont enfermés dans des hôpitaux généraux « Les hôpitaux sont la honte et le supplice des pauvres » écrit Saint Simon en 1720. A Paris, en 1790, sur une population de 600 000 habitants, on compte environ 200 000 parisiens en situation précaire, 20 000 qui vivent au jour le jour sans savoir ce qu’ils vont manger et où ils vont dormir.

(1) « apothicaire » : ancien mot pour « pharmacien »

(2) « Oeuvres complètes » de Charles Fourier (1841) Gratuit sur Google – à lire ici

(3) « Qu’est-ce que le Tiers-état ? » de l’Abbé Sieyès (1789) Gratuit

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Les élections présidentielles en France

Ci-dessous, une vidéo présentant tous les présidents de la République Française de la première République (1792) à la cinquième République (actuellement).

L’élection présidentielle est une élection, comme son nom l’indique, qui sert à élire la personne qui représentera le peuple français, autrement dit : « le président de la République Française ».

Avant l’année 2000, les présidents en France étaient élus pour 7 ans. Depuis l’année 2000, les présidents sont élus pour 5 ans.

Avant 1962, le président était élu par un collège électoral qui comprenait :

– les membres du parlement (députés)
– des conseillers généraux
– des membres des assemblées des territoires d’Outre-Mer
– et les représentants élus des conseils municipaux (des communes ou des villes)

Depuis 1962, le Président de la République est élu directement par les Français, c’est ce qu’on appelle « le suffrage universel direct ».

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE du 7 mai 2017 : Emmanuel Macron (La République en Marche) succède à François Hollande (Parti Socialiste)  

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L’appel du 18 juin (1940 – De Gaulle à Londres)

Churchill et De Gaulle à Londres

La résistance française va s’organiser à partir de juin 1940 principalement autour de De Gaulle réfugié à Londres

L’armée allemande n’a fait qu’une bouchée de l’armée française en 1940. Bien armée, mieux préparée, meilleur matériel. En quelques semaines, l’Allemagne nazie a installé ses soldats sur une partie du territoire.

Les Allemands, à cette époque, ont une revanche à prendre sur le traité de Versailles qu’ils n’ont jamais accepté.

Ils sont à Paris le 14 Juin 1940.

A Montoire, le 24 Octobre 1940, le Maréchal Pétain rencontre Hitler
(c’est la fameuse poignée de main de Montoire).

Le Maréchal Pétain, chef de l’état français (grand héros de la guerre de 1914-18 – l’homme de Verdun qui a 80 ans) déclare « C’est le coeur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat ». L’armistice est signée le 22 juin 1940 (moment difficilement acceptable pour la plupart des Français).

https://youtu.be/DDr3nlQalAs

(Petite anecdote : mon grand-père maternel Louis, avait une quarantaine d’années à cette époque-là, et travaillait pour les Chemins de Fer Français. Il conduisait des locomotives à vapeur aidé d’un autre mécanicien. Un jour, un soldat allemand est venu lui dire de bien s’habiller (proprement) et de mettre des gants. Inutile de vous dire que mettre des gants blancs…ce n’était pas habituel dans son travail, les locomotives fonctionnant au charbon. Le lendemain, je pense que c’était peu de temps après, deux locomotives étaient attachées aux wagons…une à l’avant, une à l’arrière….des hommes en uniformes partout…mon grand-père et son mécanicien…surveillés pendant tout le voyage….Les deux mécanos avaient compris qu’ils allaient transporter quelqu’un d’important, mais ils ne se doutaient pas que c’était Hitler en personne allant signé le traité d’armistice avec le Mal Pétain à Montoire.

J’ai très souvent entendu mon grand-père regretter lourdement d’avoir actionner cette locomotive pour conduire ce monstre à Montoire. L’assassin de son fils, en fait, puisque mon « oncle » quelques années plus tard devait terminer ses jours au camp de concentration de Flossenburg en étant passé par Dachau. Il avait voulu rejoindre un réseau de résistants et tenter de gagner l’Angleterre pour rejoindre De Gaulle ; mais il semble qu’il y ait eu une « taupe »(espion) et tout le réseau a été démantelé. Il avait 23 ans.

Le Maréchal Pétain et son gouvernement ont dû répondre devant un tribunal en 1945 d’un acte d’accusation grave : complicité avec l’ennemi…..(Film Ina : « Ouverture du procès Pétain »)

De Gaulle, dès la capitulation, quitte la France et se réfugie en Angleterre où il va essayer d’organiser une résistance à cet ennemi envahissant.

Discours du général De Gaulle prononcé à la radio de Londres le 18 juin 1940. Cet appel n’a pas été enregistré.

« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.

Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.

Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.

Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !

Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.

Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.

Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.

Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.

Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres. »

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Le droit de vote des femmes en France

Femmes manifestant dans la rue avec des pancartes -la Française doit voter- moments d'histoire

En 2012, tout Français majeur (majorité à 18 ans – avant 1974 la majorité civile était à 21 ans-) a le droit de voter sans distinction de sexe, d’origine, de religion ou d’idéaux politiques. Mais cela n’a pas toujours été ainsi. Il faudra attendre le 20ème siècle -1944- pour que le droit de vote des femmes françaises soit reconnu comme dans un bon nombre de pays dans le monde !
(> voir le tableau de l’évolution du droit de vote des femmes dans le monde)

Au Moyen-Âge, contrairement à beaucoup d’idées reçues, la femme bénéficie de plus de libertés et de droits qu’elle n’en aura dans les siècles qui vont suivre. A cette époque, de nombreux métiers lui sont accessibles. Elle peut voter aux élections des Etats Généraux et, tout comme les hommes, pour les représentants de groupements d’artisans, de commerçants… Ce droit ne va durer que jusqu’en 1498 après un décret du Parlement qui retire ce droit de vote aux femmes.

Puis c’est la période de l’Ancien Régime (de la période Renaissance -16ème siècle – à la Révolution Française -18ème siècle-). Quelques femmes comme les veuves dotées d’un fief ou les mères abbesses ont le droit de voter aux Etats Généraux.

Olympe de Gouges - le droit de vote des femmes - moments d'histoire

Olympe de Gouges , une des premières féministes, « bénéficie » de l’égalité des sexes puisqu’elle est guillotinée en 1793 pour ses écrits et propos en faveur de Louis XVI. Dans son « Article 10 » de sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », elle écrit : « « La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. »

Ensuite, au moment de la Révolution Française (1789), les femmes prennent la parole enthousiasmées par ce vent de liberté qui arrive sur la France. Mais les plus virulentes (comme  Olympe de Gouges) font peur aux révolutionnaires. C’est ainsi que des mesures resctrictives vont être prises à leur encontre pour éviter qu’elles ne prennent trop de place dans la vie politique. Dans les années 1790, les clubs et réunions de femmes sont interdits. Elles n’ont plus le droit d’assister aux réunions politiques et ne doivent pas se réunir à plus de cinq dans les rues. Malgré cela, la révolution apporte des avancées incontestables dans les droits des citoyennes comme l’égalité des droits dans les successions, la possibilité de se marier avec qui elles veulent sans l’autorisation paternelle,  la suppression de la tutelle du mari… Il reste cependant que le droit de vote leur est interdit alors que les hommes bénéficient d’un nouveau droit politique : celui de pouvoir voter sans être propriétaire (ce qui était la règle avant la révolution pour les hommes).

Cette impossibilité de voter pour les femmes va perdurer jusqu’en 1944.

Les raisons invoquées par les hommes contre le vote et l’éligibilité des femmes : →Site de l’Assemblée Nationale – A LIRE !

Le 5 mars 1848 , le gouvernement provisoire de la République  instaure le « suffrage universel » masculin. Les femmes sont oubliées là encore. Mais elles revendiquent de plus en plus le droit d’exister dans la société (comme la photo ci-dessus qui date des années 1900).

 Le 15 juillet 1919, le pape Benoît XV lui-même se prononce en faveur du droit de vote des femmes. 

 Dans les années 30, des femmes françaises réclament le droit de vote et l’égalité entre les hommes et les femmes. Ces femmes qui revendiquent les mêmes droits que les hommes sont appelées « les suffragettes ». L’une d’entre elles est devenue célèbre, c’est Louise Weiss (photo sur la droite), une journaliste qui n’a pas hésité à  empêcher le départ d’un cheval de course à Longchamp en 1936, devant le Président de la République Albert Lebrun, pour défendre la cause des femmes. 

Durant les deux guerres mondiales, celle de 1914-1918 et celle de 1939-1945, les femmes montrent leur courage et leur capacité de résistance dans des moments dramatiques. Lors de la première guerre mondiale, elles remplacent les hommes, partis se battre, aussi bien dans les usines, les bureaux, que dans les travaux des champs. Elles rendent service comme aides ou infirmières auprès des nombreux blessés. Lors de la deuxième guerre mondiale, elles adhèrent à des réseaux  de résistance à l’ennemi nazi et s’impliquent courageusement dans ce combat. C’est ce qui a convaincu le Général de Gaulle de leur donner le droit de vote. Elles avaient fait leurs preuves !

A cette époque, la France est traditionnaliste, conservatrice et misogyne. A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, pourtant, quelques députés avaient  souhaité donner le droit de vote aux femmes françaises à plusieurs reprises. Mais, le Sénat s’y était opposé systématiquement à chaque fois. Pourquoi le Sénat était-il opposé ? Parce qu’à cette époque le poids des idées religieuses était important et, pour les Sénateurs, le risque était que les femmes pouvaient s’imprégner des consignes de vote données par les prêtres et ainsi mettre la République en danger.

Ce n’est donc qu’avec l’ordonnance du 21 avril 1944, établie par le gouvernement provisoire présidé par le Général De Gaulle à Alger (fin de la seconde guerre mondiale) que les femmes ont  le droit de voter et sont éligibles aussi !

A voir aussi ce site ⇒  L’HISTOIRE PAR L’IMAGE

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Juillet 1942 – La rafle du Vel’d’Hiv’

En 2010, est sorti  sur les écrans français (au cinéma) un film de Roselyne Bosch « La Rafle » avec Jean Reno, Gad Elmaleh et Mélanie Laurent.

De nombreuses années ont passé avant que la très grande majorité des Français reconnaissent le rôle coupable de la police française et par conséquent du gouvernement antisémite du Maréchal Pétain, héros de la 1ère guerre mondiale. Il a fallu attendre le 16 juillet 1995 pour qu’un Président de la République Française, Jacques Chirac, reconnaisse la responsabilité de l’Etat Français dans les actions odieuses menées contre les Juifs – au-delà de ce que demandaient les Allemands à cette période en France -.  C’est une page de leur histoire  que les Français ont eu beaucoup de mal à regarder en face.

Le discours de Jacques Chirac juillet 1995 ↑ cliquez ici !

En été 1942, la France est occupée par les Allemands depuis 2 ans.

Les 16 et 17 Juillet 1942, 4500 policiers sont mobilisés pour aller chercher les Juifs partout où ils se trouvent dans Paris, aussi bien les Juifs étrangers que français. 50 bus sont réquisitionnés pour amener les Juifs jusqu’au vélodrome d’hiver (un endroit très connu des Parisiens pour les courses cyclistes – le Vél’d’Hiv’). Pendant 5 jours, plus de 13000 personnes – enfants, vieillards, femmes, hommes – vont être entassés dans cet espace bruyant et nauséabond. Très rapidement ces pauvres gens n’ont plus rien à manger, ni à boire. Ils ne disposent même pas de toilettes. Parmi toutes ces personnes, il y a 4000 enfants.

Tous ces gens seront envoyés par wagons entiers d’abord dans des camps d’internement français comme ceux de Beaume-La-Rolande, de Pithiviers ou Drancy, avant d’être conduits vers la mort à Auschwitz, les enfants séparément de leurs parents.

Je vous propose cette vidéo pas très récente mais qui retrace bien cette période horrible.

Le texte de la vidéo ci-dessous ↓

Paris – 16 juillet 1942

Des images presque oubliées de l’histoire. 16 juillet 1972, trente ans après il ne reste que cette plaque de la grande rafle du Vel’d’Hiv’

Le célèbre vélodrome d’hiver où se retrouvait le Paris sportif a été détruit en 1959 comme pour effacer un cauchemar. Le cauchemar de 30 000 juifs ( parqués dans le Vél’ d’Hiv’ devenu en juillet 1942 l’antichambre de la mort. Mais il reste les survivants, à peine une cinquantaine perdus ici dans la foule, Les survivants de la plus grande opération de police que Paris aie connue depuis l’arrestation des Templiers (1307 ) et la Saint-Barthélemy (1572).  Opération confiée par Eichmann  au Obersturmführer Danneker. C’est la première étape de la solution finale, celle de l’anéantissement des juifs européens. L’heure H, quatre heures du matin. L’opération a été baptisée cyniquement « Vent printanier ». Au petit jour, Paris est investi par la police parisienne, la police de Vichy qui s’est chargée des préparatifs et de l’exécution. 9000 hommes. Le gros des forces est concentré dans ces trois arrondissements (4e / 11e / 20e arrondissements). C’est là que réside la majorité de la population juive de Paris.

– Je suis en effet parti le matin de bonheur pour aller au Centre Amelot  où je travaillais dans un dispensaire juif qui servait d’ailleurs de couverture à une action de résistance dont beaucoup se souviennent encore. Et ce qui m’a surpris, et pas tout à fait surpris en vérité, c’était le spectacle de ces pauvres gens que l’on voyait sortir des différentes maisons  avec des valises et des ballots à la main et qu’on dirigeait vers des autobus qui les emmenaient … nous ne savions pas encore où mais nous avons appris par la suite que c’était notamment au Vélodrome d’Hiver où 7000 d’entre eux ont été rassemblés. Si je dis que je n’ai pas été entièrement surpris c’est parce qu’il ne faut pas oublier que nous vivions alors une période où les rafles étaient quotidiennes.

16 et 17 juillet 1942

Une seule photo retrouvée de ces horribles journées.

Des bus remplis de Juifs arrêtés chez eux (hommes femmes et
enfants) et conduits quelques jours plus tard dans le camp d’extermination d’Auschwitz

–  Mais le 16 juillet c’était différent ?

–  Le 16 juillet a été différent…jusque-là nous savions que des rafles avaient lieu. Il y en avait eu d’importantes, des milliers d’arrestations mais cela concernait surtout des hommes. Et cette fois-ci, il semble bien que sur les 28000 noms qui ont été fichés  pour cette grande rafle, il n’y avait pas de distinction du tout. Tout le monde devait être raflé et emmené, nous l’avons su par la suite, au Vélodrome d’Hiver où la plupart d’entre eux avaient été parqués. Il y avait 4000 enfants parmi eux.

Sur les 4000 enfants parqués au Vél’ d’Hiv’ quelques survivants. Lazar Pitkovich avait 14 ans en 1942. Arrêté avec ses parents, il s’évade quelques heures plus tard.

– Voilà comment cela s’est passé. Les mères de famille, qui n’avaient plus rien à donner à boire à leurs enfants, se sont rassemblées devant cette porte qui était là dans le Vél’ d’Hiv’ avec leurs enfants, leur poupon sur les bras. Les enfants en général pleuraient parce qu’il faisait une chaleur torride. Ils avaient soif. Il n’y avait plus d’eau dans le Vélodrome d’Hiver et comme – vous le voyez, elle existe encore – cette épicerie était juste en face, la rue n’est pas grande…elles se sont rassemblées et disons par la force qu’elles représentaient elles ont forcé le petit cordon de police qui était là et elles ont simplement été dans cette épicerie. J’ai donc profité de ce moment où la police s’occupait essentiellement de ramener ces femmes…

– Il n’y avait pas de policiers allemands ?

– Non, pas de policiers allemands, uniquement des policiers français.

– Comment avez-vous fait ?

– Et donc, à ce moment-là, du fait que tous les policiers qui étaient dans ce hall à ce moment-là se sont portés de l’autre côté de la rue.  Donc, il n’y avait plus personne devant cette porte et j’en ai donc profité. Je suis sorti normalement et j’ai vu que personne ne me voyait parce qu’ils étaient occupés à ramener ces femmes. Mais ces femmes… vous savez quand il s’agit de défendre son enfant, les policiers ne comptaient pas beaucoup. Effectivement, elles sont restées dans la boutique et elles ont pu acheter l’eau minérale dont avaient besoin leurs bébés et ensuite elle sont retournées. Mais moi, à ce moment-là,  j’avais déjà quitté la porte. Vous voyez cette petite rue qui est là, dont je ne connais même pas le nom exact, donc la première petite rue à gauche je l’ai prise.

Quatre enfants s’évadent ainsi. Dans le même temps, 57 bus déposent leur cargaison. Des centaines de familles, des pleurs, des cris. L’image du Vél’ d’Hiv’ dira un survivant est celle d’un bateau en détresse. Deux médecins juifs se souviennent.

– Je me rappelle un cas de scarlatine. Je me rappelle un cas de femme enceinte sur le point d’accoucher. Je me rappelle les cris et les pleurs des enfants.

– Je vois arriver des gens, de grands malades, des contagieux, des gens qui avaient les stigmates de la scarlatine par exemple, des grands rhumatisants qu’on amenait sur des brancards. De véritables grands malades et pour essayer de les faire sortir, je me dirige vers le service médical de la préfecture qui était composé d’un médecin et de quelques infirmières de la Croix Rouge. J’expose la situation mais à chaque fois c’est un refus absolu, un refus de traiter ces malades et un refus de les évacuer.

L’évacuation se fera six jours plus tard pour Drancy et Auschwitz. Entretemps, il y a eu 107 suicides.

30 ans après, quelle leçon peut-on tirer de ces évènements ?

– D’abord, on n’a pas le droit d’oublier. Il y a deux choses, oublier et pardonner. L’oubli, nous n’en avons pas le droit. Alors, quant au pardon, il faut distinguer. Je ne pardonne qu’à ceux qui me demande pardon. Indépendamment de cela, le pardon est une bouffonnerie. Ce n’est pas maintenant qu’on a envie de pardonner quand on voit des hommes comme Touvier gracié, rentrer en possession de leurs biens, se promener librement et bénéficier d’une grâce vraiment inexplicable. La première condition c’est d’abord que les criminels expient et qu’on nous demande pardon. Et la deuxième condition est la suivante : le pardon ne peut venir que de ceux qui ont souffert.

– Donc la plaie est toujours ouverte ?

– 30 ans après la plaie est toujours ouverte évidemment. Les 30 ans ne font rien à l’affaire. Pensez aux 6 millions de juifs assassinés, pensez aux fours crématoires. Je pense que le problème est toujours pendant et la blessure fait toujours aussi mal.

Entre les 16 et plus de 13 000 personnes, dont près d’un tiers étaient des enfants, ont été arrêtées dans Paris et sa banlieue ; presque tous ont été assassinés, moins de cent ont survécu à leur déportation.

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